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La poésie est une forme d'expression littéraire caractérisée par l'utilisation harmonieuse des sons et des rythmes du langage et par une grande richesse d'images. Elle diffère selon les rimes, les strophes et la forme des vers.
Ex. : La métrique est l'étude de la versification, autrement dit de la prosodie. VERS & STROPHES : Le vers est caractéristique de la poésie (mais tout poème n'est pas forcément versifié). Il ne doit pas être confondu avec la phrase : un vers ne constitue pas forcément une phrase ; inversement, un seul vers peut contenir plusieurs phrases. Alexandrin : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » - Racine, Andromaque (extrait) Victor Hugo, les Djinns (extrait) : - disyllabe (vers de 2 syllabes) : « Tout dort » - trisyllabe (vers de 3 syllabes ) : « Naît un bruit » - tétrasyllabe (vers de 4 syllabes ) : « C'est le galop » - pentasyllabe (vers de 5 syllabes ) : « Qui tourne et qui roule » - hexasyllabe (vers de 6 syllabes ) : « Déjà s'éteint ma lampe » - heptasyllabe (vers de 7 syllabes ) : « L'air est plein d'un bruit de chaînes » - octosyllabe (vers de 8 syllabes ) : « Quel bruit dehors ! Hideuse armée » - décasyllabe (vers de 10 syllabes ) : « Le mur fléchit sous le noir bataillon » - Le vers de neuf syllabes est un ennéasyllabe et le vers de onze syllabes est un hendécasyllabe Pour compter correctement le nombre de syllabes, il faut observer certaines règles : - le -e muet en fin de vers ne compte pas (il n'est d'ailleurs pas prononcé). - le -e muet suivi d'un son vocalique (voyelle) ne compte pas. - le -e muet suivi d'un son consonantique (consonne) compte. Compositions de strophes : Un sizain est une strophe qui contient six vers. Un quintil est une strophe qui contient cinq vers. Un quatrain est une strophe qui contient quatre vers. Un tercet est une strophe qui contient trois vers. Un distique est une strophe qui contient deux vers. Mesure des vers : Dans un vers, chaque mesure (ou groupe rythmique porteur d'un accent tonique) est séparée de la suivante par une coupe. On la représente par une barre oblique : / ![]() Le vers ci-dessus compte 4 mesures c'est un tétramètre. Un trimètre se compose pour sa part d'une mesure à 3 temps . LA CESURE : [du latin "cæsura", "coupure"] La césure est une coupe principale qui divise normalement le vers en parties égales. Pour les alexandrins la césure partage le vers en deux parties égales appelées hémistiches (demis vers.). ![]() LE RYTHME : Le rythme définit la succession des accents d'intensité qui frappent un mot ou un groupe de mots et permettent de former des mesures. L'accent est l'augmentation de l'intensité de la voix sur une syllabe. Certaines syllabes sont plus accentuées. Elles sont suivies d'une pause qui donne du rythme au vers. LES RIMES : répétition d'un son identique à la fin de deux ou plusieurs vers) AABB. Il s'agit de la répétition de sons identiques à la finale de mots placés en fin de deux ou plusieurs vers. Les antérimes sont pour leur part des rimes que l'on va placer en début et non à la fin des vers successifs. Les rimes diffèrent selon leurs dispositions, leurs genres et leurs qualités. Leurs genres : Elles peuvent être dites masculines ou féminines. Une rime est dite féminine lorsqu'elle se termine par un "e" muet. Leurs dispositions : L'agencement des rimes sur une même strophe peut se présenter de différentes façons : Rimes plates ou suivies : a-a-b-b (grise / brise / loir / noir) Rimes croisées : a-b-a-b (ville / port / asile / mort) Rimes embrassées : a-b-b-a (mort / grise / brise / dort) L' étreinte s'organise de rimes embrassées disposées en miroir de façon suivante : a-b-c-d-e-f-f-e-d-c-b-a Avec, à notre guise, autant de rimes placées en symétrie qu'il est possible d'imager. D'autres types d'agencement existent par ailleurs : Rime tripartite : fondée sur une suite où une même rime se répète tous les trois vers aabccb Rime quadripartite : répète le système de la précédente mais tous les quatre vers aaabcccb, Rime serpentine : reprend une même rime de strophe à strophe, toujours à la même place (aabb ccbb ddbb) ou bien par alternance de type (aabb bbcc ccdd ddee) ou encore (aabb bbaa aacc ccaa aadd ddaa) Rime redoublée (répétées plus de deux fois à la suite) Rime intérieure à l'hémistiche Rime orpheline : rime sans répondant Des rimes continues (toujours la même rime) ou mêlées (entrecroisées) Des rimes pour l'oreille (rime véritable) ou des rimes pour l'oeil (ex: aimer-amer). Leurs qualités : Une rime est dite pauvre quand la fin des deux vers a un seul son en commun. Une rime est suffisante lorsque les fins de vers ont 2 sons identiques Une rime est dite riche lorsque les fins de vers présentent au moins 3 sons similaires Exemples : Rime riche : Langoureux - Vigoureux Rime pauvre : Ami - Pari L'ENJAMBEMENT - REJET - CONTRE-REJET : Si une phrase se poursuit d'un vers à l'autre, il s'agit d'un enjambement. Si l'enjambement se limite à un groupe court, inférieur à l'hémistiche, qui termine la phrase au début du vers suivant, c'est un rejet. Le contre-rejet, à l'inverse du rejet, consiste à faire commencer à la fin d'un vers une unité grammaticale (un mot ou un groupe de mots) qui se poursuit d'un point de vue syntaxique et sémantique sur le vers suivant. Rejet et contre-rejet sont des emjambements.
CHAMP SEMANTIQUE ET CHAMP LEXICAL : Par exemple : songer, penser, cogiter, approfondir, mûrir, considérer, étudier, âme, souvenir, imaginaire, réflexion, spirituel, esprit... pour le champ sémantique de la pensée LE SONNET : Le sonnet est une forme poétique d'origine italienne qui se répand dès le quatorzième siècle dans une grande partie de l'Europe. Il s'agit d'un poème de quatorze vers. Les deux premières strophes sont des quatrains aux rimes embrassées (ABBA) , plates (AABB) ou bien croisées (ABAB). Nota : Il est toutefois possible d'utiliser deux schémas différents de rimes pour l'une et l'autre des strophes. Les deux dernières strophes sont des tercets (ou bien un sizain, ou éventuellement un distique et un quatrain) aux rimes plus souvent plates (CCD) puis croisées (EDE). Le sonnet de type italien se termine lui classiquement selon le modèle CCDEED. Toutes les possibilités sont cependant offertes pour l'agencement des trois rimes CDE des six derniers vers. Le sonnet utilise le plus souvent l'alexandrin. Aux époques anciennes (XVIe au XIXe), une alternance de rimes masculines et féminines devait être respectée.
Les figures de style sont des procédés littéraires qui permettent de donner à un texte un caractère typiquement littéraire ou poétique La comparaison et la métaphore sont les deux figures de style les plus fréquentes. LA COMPARAISON : la comparaison consiste à rapprocher deux entités du même ordre, la mise en parallèle de deux termes au moyen d'une marque de comparaison (verbe, adverbe ou locution) : - comparaison simple : malin comme son père - comparaison figurative : malin comme un singe Les marques de la comparaison sont : comme, tel, même, pareil, semblable, ainsi que, mieux que, plus que, sembler, ressembler, simuler, être... Ex. : « La parole est comme une rivière qui porte la vérité d'une âme vers l'autre, le silence est comme un lac qui la reflète et dans lequel tous les regards viennent se croiser. » (Lavelle). Ex. : « Il pleure dans mon coeur // Comme il pleut sur la ville » - Verlaine LA METAPHORE : [lat. "metaphora", "transport"] La métaphore est une figure de style qui consiste à transférer le sens d'un mot sur un autre par une analogie implicite Elle introduit un autre sens (que le sens littéral), un sens figuré, analogique, symbolique, "métaphorique" dans un mot, un groupe de mots... Il s'agit d'une image littéraire, une comparaison elliptique qui peut aller jusqu'à confondre totalement les deux réalités. Ex. : « L'amour est un caillou riant sous le soleil » (Paul Eluard) Ex. : « Le souvenir est le parfum de l'âme. » (George Sand) La métaphore est appelée métaphore filée lorsqu'elle se prolonge, lorsqu'elle est développée au cours d’un texte. Il s'agit d'une suite de métaphores engendrées par une métaphore principale. Elle s'appuie alors le plus souvent sur des mots qui relèvent d'un même réseau lexical. Ex. : « Et la lune est un singe échappé au baluchon d'un marin Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.» (Jules Supervielle) Ex. : « Tap tip tap, tip tap tip tap Je voudrais tant fair' danser mes cuillères Tap tip tap mais ce sont des sorcières Elles m'échappent, rompent la cadence Tap tip tap il faut qu' je recommence » (Jacqueline Barral) [onomatopées, allitération en t, métaphore filée et personnification] LA PERSONNIFICATION : : La personnification est une figure qui consiste à octroyer à un objet, à un être inanimé ou à une entité abstraite les attributs d'un être vivant en lui conférant des traits de comportement, des sentiments ou des pensées propres aux êtres humains. Ex. : « Sous le mot prudence, il y a le rire des dieux. » (Pierre Albert Jourdan) Cette citation présente une métaphore reliant l'univers des mots à celui du divin ainsi qu'une personnification des dieux en personnages humains, par le fait du rire. LA METONYMIE : [du grec "metônumia", "changement de nom"] La métonymie repose sur une relation de proximité logique : - le tout au lieu de la partie : "ameuter la ville" = les habitants de la ville - la partie au lieu du tout : "cet esprit subtil" = cet homme à l'esprit subtil - le contenant au lieu du contenu : "boire une bonne bouteille" = boire du vin - la cause au lieu de l'effet : "admirer une gravure" = un dessin exécuté par la technique de la gravure - le symbole au lieu de la réalité : "le sabre et le goupillon" = l'armée et l'église - la matière au lieu de l'objet : "un verre" = un récipient en verre / une porcelaine, un diamant... - le physique au lieu du moral : « Rodrigue, as-tu du coeur » = du courage (Le cid, Pierre Corneille) Lorsque qu'il s'agit de nommer la partie pour le tout ou le tout pour la partie, le genre pour l'espèce, l'espèce pour le genre, la figure de style prends plus précisement le profil d'une SYNECDOQUE [du grec sunekdokhê, « compréhension simultanée »] . La synecdoque consiste à remplacer un mot par un autre mot lié au premier par une relation d'inclusion. Ex. : « Vous dites adieu à ces murs que vous allez quitter » (Alain) LA PERIPHRASE : [grec "periphrazein" : "parler autour"] C'est un procédé par lequel on désigne une réalité par une expression qui la définit. Ou, en d'autres termes, il s'agit d'un procédé qui consiste à exprimer en plusieurs mots ou par une circonlocution ce que l'on pourrait dire en un seul ou plus brièvement. Ex. : La lune - "astre de la nuit." LA PARONOMASE : [du grec "para", "à côté" et "onoma", "nom"] Rapprochement dans la même phrase de mots voisins par la sonorité mais de sens différents. Remplacement d'un mot par un autre, proche par le son mais différent par le sens. Ex. : « Qui se ressemble s'assemble » Ex. : « Qui vivra verra.» Ex. : « Qui vole un oeuf vole un boeuf.» L'ALLITERATION & ASSONANCE : Allitérations et assonances jouent sur la répétition d'un son identique. La valeur expressive de ces jeux phonétiques repose sur la relation que peut effectuer le lecteur, consciemment ou inconsciemment, entre le sens du texte et l'effet d'insistance inscrit dans sa matière sonore. - allitération [lat. "ad", "à" et "littera", "lettre"] pour les consonnes (son consonantique) Ex. : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?» (Racine, Andromaque) Ex. : « Le beau boa baille au bas du baobab ». (Pierre Dac) - assonance [lat. "assonar", "répondre en écho"] pour les voyelles (son vocalique). Ex. : « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant » (Verlaine) L'ACROSTICHE : Un acrostiche est un poème ou une strophe où les initiales de chaques vers, lues dans le sens vertical, composent un nom ou un mot clé. Du grec "akros", "extrémité" et "stikhos", "vers"
L'ANAPHORE : Une anaphore est une figure de répétition qui consiste en une répétition de mots en tête de phrase, de vers ou de proposition, ce qui engendre une un effet de symétrie et de renforcement. L'étymologie de l'anaphore provient du grec "pherein", "porter" et "ana", "de bas en haut ; de nouveau ; en arrière", ce qui peut se traduire comme "ce qui renvoie en arrière". Exemples :
« J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; » (Victor Hugo, Le crapaud - La légende des siècles) LA GRADATION : [latin "gradatio", de "gradus" : "degré"] La gradation ordonne les termes d'un énoncé selon une progression (en taille, en intensité) Ex. : « Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? Quelle nouveauté, quel monstre quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige ? » (Pascal) L'EUPHEMISME & HYPERBOLE : Un euphémisme est une figure de rhétorique qui consiste à atténuer ou adoucir une idée déplaisante. À tel point que la confusion qui en naît peut dévaloriser un mot à l'encontre d'autres bien précis. On parle aussi d'euphémisme de bienséance. Du grec "eu ","bien" et "phêmê","parole". Le contraire de l'euphémisme est l'hyperbole. L'hyperbole consiste à amplifier un énoncé afin de produire une impression forte. Le terme hyperbole vient du grec "hyper" qui signifie "au-delà", et "ballein "qui signifie "jeter".
Si l'euphémisme est trop clairement perçu, son effet, au lieu d'être adoucissant, s'inverse et on arrive à une litote LA LITOTE : La litote [du grec "litotes","simplicité"] est une figure de sens qui consiste à dire moins pour faire entendre plus, le verbe étant souvent à la forme négative. Ex. : « Va, je ne te hais point ! » (Pierre Corneille, Le Cid - Chimène à Rodrigue) Ex. : « la contestation... traduit des nostalgies ou des aspirations, des regrets ou des espérances, en tout cas un malaise » (Aron). L'ANTITHESE & CHIASME : L'antithèse [grec "antithesis" : "opposition"] consiste à rapprocher dans le discours des idées ou des mots opposés. Elle oppose très fortement deux termes ou deux ensembles de termes. Si ces termes sont disposés selon un schéma A / B , B / A, il s'agit alors d'un chiasme. Le chiasme est une symétrie parallèle obtenue par l'inversion de l'ordre des termes dans une opposition. Un terme dérivé du grec "khiasmos" qui signifie "disposition en croix". Antithèse : « Ton bras est invaincu mais non pas invincible. » (Pierre Corneille ) Chiasmes : (Victor Hugo, Les misérables, Chapitre III : Une tempête sous un crâne) « Un noble s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui ; s'il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave » (La Bruyère) LE PARADOXE : Un paradoxe est une proposition qui contient ou semble contenir une contradiction logique, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité, ou encore, une situation qui contredit l'intuition commune. Etymologiquement, paradoxe vient du grec "para-doxa", "ce qui est contre l'opinion". Ex. : « Le chemin le plus long est parfois le plus court » (Umberto Eco). L'OXYMORE : L'oxymore est une alliance de mots de sens opposés. Le terme oxymore provient du grec oxumôron : de "oxus", "aigu / pénétrant" et "môros", "émoussé / sot" Ex. : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. » (Pierre Corneille, Le Cid) Ex. : "Un silence éloquent" |